Le site ardoisier du Babinay a été ouvert vers 1884 et constitue actuellement le siège principal de la Société des Ardoisières d’Herbeumont.

Au début du 20ème siècle, le site ardoisier du Babinay était loué à un allemand appelé Scherke.
En 1909, Léontine Pierlot reprend la direction ; de 1920 à 1938, Auguste Pierlot lui succède.

De 1938 à 1940, la production est arrêtée, elle reprend de 1940 à 1941 avec Monsieur Waucquez Alphonse de Bruxelles en tant que directeur. Hubert Pierlot assure alors la succession de son frère jusqu’à la fermeture en 1956.

À cette époque, il existait un puits profond de cent mètres creusé suivant l’inclinaison et dans le mur de la couche.

L’exploitation comportait une douzaine de chambres réparties sur trois étages.
Les chambres avaient en moyenne 30 mètres de longueur sur 18 à 20 mètres de hauteur. Les étages étaient séparés par des épontes, dont l’inclinaison à la couche.

L’inclinaison des épontes était plus forte et faisait un angle de 60° avec l’horizontale. Cette disposition avait une répercussion sur le mode d’exploitation des chambres en ce sens que la partie voisine du mur d’une chambre d’un étage était exploitée par une galerie de ce niveau, tandis que la partie voisine du toit était exploitée par la galerie prolongée de l’étage supérieur. La couche exploitable avait de 45 à 50 mètres de puissance ; en direction elle était reconnue sur environ 200 mètres.
La planche de pierre avait une direction N 83° E et une inclinaison S 43° ; il était possible qu’elle corresponde à un joint de stratification.

Dans cette hypothèse la direction des couches coïnciderait avec le feuilletage.

La reprise de la carrière

Réouverte depuis 1999, 2005 est une année d’aboutissement pour la carrière de schiste d’Herbeumont : Après six années d’investissement en découverture, formation du personnel et développement des machines, c’est la première année consacrée uniquement à la production.

Autre mentalité...

Lorsque Benoît Pierlot se lance en 1999 dans la réouverture des ardoisières d’Herbeumont dans la province de Luxembourg, entre Bertrix et Florenville, avouons-le, personne ne croit dans un possible succès. Bien au contraire. Les Ardoisières sont fermées depuis 25 ans et ont toujours été exploitées en souterrain. On y produisait alors uniquement de l’ardoise de couverture et d’essentage. Produire à ciel ouvert de la pierre ornementale ? Une hérésie pour les anciens de l’ardoisière qui descendaient autrefois dans la « bonne » pierre d’ardoise. Même si les maisons de la région sont contruites en moellons de découverture de schiste, on ne fait pas facilement le lien entre l’ardoise et le matériau servant à produire des moellons et des couvre-murs. C’est par la galerie que sera évaluée la qualité des bancs de l’intérieur, chose exceptionnelle pour dire vrai ! Homme de foi dotés sans doute d’une bonne dose d’inconscience, il s’attaque aux mentalités et aux croyances en ouvrant la première ardoisière à ciel ouvert en Belgique.

Le marché

Le schiste belge n’a en réalité pas de concurrencent direct en Europe dans le domaine de la pierre ornementale. La présence de pyrite lui donne un aspect très particulier et un toucher que les schistes italien, espagnol et portugais envient. Les ardoises brésiliennes ou chinoises très répandues sur le marché européen sont utilisées principalement en éléments standards pour le carrelage. Le schiste d’Herbeumont vise plutôt le marché du sur-mesure, en se démarquant du standard qui offre d’autres avantages mais aussi d’autres inconvénients, comme pour toutes les roches du pays. En terme de marché, la carrière produit principalement pour le privé (70%) et se défend bien au niveau du public (30%). Près de 75% de sa production sont mis en oeuvre en architecture, 15% dans le secteur du jardin et 10% pour l’aménagement urbain. La demande régionale s’oriente plutôt vers le schiste « bleu », alors qu’à l’étranger c’est le brun qui fait carrière.

Une équipe

Sur les 60 personnes qui sont passées en 6 ans à la carrière, 10 ont été sélectionnées. Ici comme ailleurs, la formation pose problème. Aussi à Herbeumont préfère-t-on former les ouvriers aux méthodes spécifiques mises en place. Les ouvriers travaillent à un poste fixe sur leurs machines et avec leurs responsabilités propres. Voici la répartition des postes : un homme à la grue pour l’extraction ; à la manutention, on compte un homme au bull qui approvisionne le crible et fait le déstockage, 2 autres hommes aux bulls qui approvisionnent les scies et s’occupent du stockage des produits finis ; à la transformation, 3 ouvriers se chargent des débiteuses avec lames de 50 pour parement, et 3 autres des débiteuses à lames de 90 et 70 pour les gros blocs à débiter en clivé ; parallèlement, une armure travaille seule… S’il y avait un idéal à atteindre, 5 hommes de plus feraient l’affaire mais en attendant l’équipe poursuit son activité. Toujours à l’abri, les ouvriers travaillent à hauteur. La mécanisation maximale sert le rendement et permet d’éviter des manipulations et des fatigues inutiles. Trois règles d’or : trier systématiquement tout ce qui sort de l’extraction, zoner les activités, ne rien mélanger pour pouvoir répondre aux demandes du marché, en un coup d’oeil et en un tour de main… En guise de conclusion, la carrière d’Herbeumont a atteint sa vitesse de croisière : une gamme de produits, des clients convaincus et satisfaits, du personnel performant et motivé. Nul doute que le responsable technique, chargé de la gestion des projets et des commandes, du développement du site, et Benoît Pierlot, à la tête des volets administration et communication, atteindront leur but avec un potentiel de 2.500.000 m3 sur 12 hectares.